Arnaud DELUBAC (Greenly) : donner le pouvoir aux entreprises de lutter contre le dérÈglement climatique

Arnaud DELUBAC : son ambition, que chaque entreprise dispose d’une mesure d’impact pour participer à la lutte contre le dérèglement climatique

"C’est au cours de mes études que j’ai co-fondé ma première start-up, Planshot, un réseau social facilitant le partage d’envies en instantanée avec les membres de son réseau.

L’aventure a très bien démarré mais s’est achevée plus tôt que prévu, mes associés favorisant à ce moment de leur vie la stabilité financière et l’assurance d’un emploi stable à la sortie de leurs études.

J’ai aussi profité de mes années d’école pour explorer le digital dans différents types de métiers et structures, en agence, en start-up puis en politique (auprès du Premier ministre Edouard Philippe et des Secrétaires d’État Mounir Mahjoubi et Cedric O). Cette dernière expérience impose une rigueur absolue et une réactivité totale. Ce monde est une excellente école pour apprendre à encaisser une grande charge de travail.

Ces expériences ont aussi été très bénéfiques, et très enrichissantes sur le plan humain. J’ai pu rencontrer de nombreux entrepreneurs à succès tels que Mark Zuckerberg (Facebook), Luc Julia (Siri) ou encore Céline Lazorthe (Leetchi). Ces rencontres ont de nouveau fait germer en moi l’idée d’une nouvelle aventure, et d’un nouveau challenge de start-up.

Mes deux années de MS Entrepreneurs à ESSEC et CentraleSupélec étaient pour moi une évidence si je voulais me donner toutes les chances de réussite. Je voulais aussi monter rapidement en compétences sur d’autres volets comme la finance, le juridique, la vente, le management, etc. J’avais besoin d’être au contact d’entrepreneurs, et de profils différents que le mien. Je cherchais avant tout à me challenger et à sortir de ma zone de confort."

Dans cet échange, Arnaud DELUBAC, Co-Fondateur et CMO de GREENLY, est revenu sur volonté d’évangéliser les entreprises sur la question de leur impact climatique, et précisément des émissions de Co2 qu’elles génèrent.

Ancien étudiant d’une école de publicité et de communication, Arnaud DELUBAC s’est très tôt tourné vers les nouveaux outils numériques et a décidé, en parallèle de ses études, de créer un média (LeMondeHistoire) qui a été suivi par +200 000 personnes en France. Et chacun de ses tweets étaient lus par +3M de personnes, un record pour la thématique. 


« Très tôt dans mes études, je me suis intéressé à la communication digitale et à l’influence. C’est à ce moment-là que je lance une des communautés les plus suivies en France sur Twitter. Le compte n’était pas rattaché au média Le Monde comme son nom pouvait le laisser penser, mais j’ai surfé l’ambiguïté pour attirer un maximum d’utilisateurs de la plateforme. De nombreuses entreprises et individus me proposaient à ce moment-là certaines sommes d’argent pour relayer du contenu ou traiter de sujets dans des ‘threads’, mais ce n’était pas ma finalité et celle du compte. J’avais aussi la crainte de ma cannibaliser, et de perdre mon fil conducteur : partager du savoir et des anecdotes sur ce que le commun des mortels ne sait pas. »


Suite à cette première expérience, Arnaud DELUBAC réalise une expérience particulièrement intense, celle d’intégrer le monde politique en commençant par Matignon. Sans que la politique ne soit une passion pour lui, il a à ce moment là de son parcours la curiosité d’accéder à un monde dont il ne maîtrise pas les enjeux, ni les codes.

« Via mon compte Twitter, je contacte le directeur numérique du parti politique « En Marche » qui me répond presque instantanément. Je lui signifie mon intérêt de rejoindre la vie politique sans pour autant avoir envisagé de point de destination. Deux jours plus tard, je reçois une lettre du cabinet du Premier ministre. Je pense d’abord qu’il pourrait s’agir d’une blague.  En entretien, j’essaye d’être le plus transparent possible sur mon parcours et mes ambitions afin de ne pas avoir de mauvaises surprises. Et ce fut l’expérience la plus enrichissante de ma jeune vie. Un mois dans la vie politique, c’est dix ans dans la vie d’une entreprise ! »

Après son stage à Matignon, Arnaud DELUBAC rejoint le cabinet de Mounir Mahjoubi, alors secrétaire d’Etat au numérique. « J’avais envie de me rapprocher du monde des start-ups et d’entrepreneurs aguerris. Des rencontres qui, au fil des semaines, ont cultivé en moi l’envie de me relancer dans une nouvelle aventure, en appliquant ce que j’ai pu observer et apprendre de ces nombreux déplacements dans toute la France. Après quelques mois, Mounir Mahjoubi se retire du gouvernement pour candidater à la mairie de Paris. Arnaud décide alors de poursuivre son aventure en cabinet, au côté de Cédric O, tout juste nommé secrétaire d'État à la Transition numérique et aux Communications électroniques, auprès du ministre de l’Économie et de la ministre de la Cohésion des Territoires.


En 2020, c’est au côté d'Alexis NORMAND et Matthieu Vegreville qu’il fonde GREENLY. Il s’agit au démarrage d’une application mobile pour permettre à chaque individu de disposer d’une mesure d’impact sans le moindre effort, en synchronisant ses comptes bancaires. La société est spécialisée dans l’analyse du bilan carbone de toutes les entreprises pour les aider à diminuer leur empreinte carbone pour lutter contre le réchauffement climatique. « En moyenne, un Français émet (directement et indirectement) presque 12 t de carbone par an. Or, pour envisager une inversion de nos émissions de gaz à effet de serre, il faudrait en émettre seulement 2 à 3 par an ! Greenly, depuis votre smartphone, est relié à votre carte bancaire par le biais d'une technologie sécurisée et agréée par la Banque de France. Chaque achat fait tourner le compteur carbone. En se référant aux données de l’Agence de l’environnement (Ademe), de recherches scientifiques, elle classe les achats, en catégories, alimentation, énergie et évalue leur impact. Après un an de développement, plus de 50k utilisateurs actifs sur l’application et +10M de personnes bénéficiant d’une mesure d’impact dans leur application bancaire (Partenariat avec BNPParibas, Arkea, Wise, Hellobank, Pixpay…), Greenly décide d’élargir son scope d’intervention en accompagnant les entreprises … dans la réalisation de leur Bilan carbone. Cette solution technologique révolutionne le marché du bilan carbone, car elle a la spécificité d’être simple, intuitive et d’être très accessible financièrement. Cela permet de démocratiser la comptabilité carbone aux PME, et de leur permettre, elles aussi, de s’engager pour le climat. Il y a deux ans encore, effectuer un bilan carbone paraissait complexe et très coûteux. Cela nécessitait l’intervention de consultants, du temps et de l’argent pour l’entreprise. Au-delà du bilan, peu de pistes d’actions étaient proposées en guise d’alternatives.


À ce jour, ce sont plus de 1000 entreprises qui utilisent Greenly au quotidien et près de 150 collaborateurs qui ont rejoint l’aventure. « J’ai la conviction que nous sommes au début d’une nouvelle ère. Celle où chaque paiement est accompagné d’une mesure d’impact (en introduisant notre technologie chez Samsung Pay ou Apple Pay par exemple). Une ère où chaque banque est en mesure de pouvoir vous apporter cette indication dans vos relevés bancaires ou sur votre application mobile (nous travaillons à ce que cela devienne une norme en Europe, après avoir déjà engagé des acteurs tels que BNP, Hello Bank, Onlyone et une vingtaine d’acteurs dans le monde). Demain, ce seront surtout les entreprises qui auront un rôle primordial à jouer. C’est pourquoi nous avons développé une plateforme afin que celles-ci pilotent leurs émissions CO2 simplement et à un cout très raisonnable. Elles ont toutes les clés pour y parvenir et nous aider à cheminer - au plus vite - vers une économie “décarbonée”. D’ici quelques années, nous sommes convaincus que la comptabilité financière sera fusionnée à la comptabilité carbone.

Et pour Arnaud, la naissance de Greenly n’est qu’une suite logique d’évènements qui ont mené à cet aboutissement. 

« C’est à la suite d’une expérience de stage au sein de l’entreprise Withings (qui conçoit des objets connectés pour suivre sa santé) que j’ai compris que le numérique permettait de mesurer des choses jusqu’ici invisibles et d’inventer de nouveaux modèles économiques finançant la prévention, en créant des incitations immédiates pour les comportements plus vertueux. Soutenir la communication digitale du Premier ministre -Edouard Philippe-, et des Secrétaires d'État au numérique -Mounir Mahjoubi- et -Cédric O- m’a permis de rencontrer de nombreux entrepreneurs à succès. J’ai eu envie de suivre cette voie, et de donner du sens à mon action. Greenly m'a paru être une évidence. En effet, s’attaquer à une urgence silencieuse qui touche chaque citoyen du monde et chaque entreprise apparaissait à l’époque comme étant un vrai défi. Un défi que nous avons accepté de relever depuis maintenant trois ans, bien que la route demeure encore longue. » 

S’il est conscient du chemin parcouru, il insiste sur le fait que tout reste à faire pour mener à bien cette aventure.

« Le plus gros danger, ce serait de se dire que nous avons réussi ! C’est un frein à l’évolution, à l’apprentissage et il faut toujours cette remise en question perpétuelle. On doit rester humble et se fixer l’ambition la plus haute possible en se concentrant sur les problèmes. Nous sommes d’éternels insatisfaits, et c’est ce qui nous pousse à vouloir voir toujours plus loin pour Greenly et les équipes qui participent à cette mission. Et le réchauffement climatique est un sujet sérieux qui mérite d’être traité avec ambition si nous voulons avoir un quelconque impact. 

Portrait réalisé par Julien LATOUCHE