Clément Poyade, remplacer le sucre, sauver la santé

Clément Poyade, remplacer le sucre, sauver la santé 

Originaire d'Auvergne, Clément Poyade a grandi loin de l'effervescence parisienne. Mais la capitale l'a vite appelé : « Après mon lycée, je suis allé à la fac à Clermont-Ferrand. À mes 20 ans, un ami de la famille qui avait une agence de communication à Paris m'a proposé un stage. J'ai alors rejoint la capitale pendant les 2 mois d'été et j'ai adoré. J'ai adoré la communication et j'ai adoré Paris. Après ma licence, j'ai donc quitté mon Auvergne natale pour l'ISCOM.

L'école a été radicalement différente de la fac. Passer de la théorie à la pratique m'a révélé. 

Alors après une année de césure à New York, j'ai poursuivi mes études en alternance et je suis arrivé dans une régie publicitaire où tout le marketing était à construire. Le CEO m'a fait confiance, j'avais carte blanche. C'était une sorte de première expérience entrepreneuriale

À la fin de mon alternance, je suis devenu COO et numéro deux de l'entreprise. Donc je me suis fait la main aussi bien sur le management, que sur l'aspect commercial. C'était génial. Puis petit à petit, le projet Yacon & co est arrivé. »

Yacon & co c'est le projet sur lequel travaille Clément depuis plus de 3 ans, aux côtés de Thierry et Raphaëlla Nolleau. Mais c'est surtout le résultat d'un constat : 

« À New York, j'ai rencontré Raphaëlla et après nos retours respectifs en France, nous avons échangé tous les trois avec Thierry. Nous avions chacun réfléchi sur le sujet du sucre car nous avions tous un problème avec cette substance. Raphaëlla avait eu des problèmes de digestion quand elle était à New York qui étaient dûs au sucre. Thierry est diabétique et moi, qui suis plutôt sportif, je cherchais à réduire ma consommation.

En approfondissant, on s'est rendu compte qu'il existait peu d'alternatives disponibles sur le marché. Certaines sont le fruit d'énormes transformations, d'autres sont très mauvaises en goût ou ont des indices glycémiques encore trop hauts… Alors que le marché est stratosphérique ! Nous comptons 500 millions de diabétiques dans le monde et, au-delà d’eux, beaucoup veulent réduire leur consommation de sucre pour d'autres pathologies. Il y a un trou dans la raquette » 

Les entrepreneurs se sont donc mobilisés : 

« À partir de là, on a creusé et on a découvert le sirop de Yacon. Ce sirop coche toutes les cases : 

  • Il est 100 % naturel, 
  • Il a un indice glycémique très faible, 
  • Il a un impact positif sur les organes puisqu'il est riche en fibres, 
  • Il est très bon d'un point de vue gustatif, se situant entre le miel et le sirop d'érable. 

Néanmoins, il y avait deux problèmes sur ce sirop de Yacon : premièrement, la filière est structurée au Pérou de manière très artisanale, ce qui implique des problèmes d'instabilité de la qualité. Le plus mauvais sirop de Yacon peut avoir jusqu'à 72% de sucre simple à l'intérieur, ce qui est vraiment trop haut ! Le nôtre en compte moins de 30%.

Le deuxième problème, c'est le prix. Même si on a un produit qui est encore cher, le sirop de Yacon & co est aujourd'hui à 9,90 €. On a donc baissé les prix, et on va encore y travailler. C’est important car on ne veut pas seulement toucher les classes socioprofessionnelles supérieures. Or, il n'y a pas de secret, c'est le prix qui décide de notre consommation. 

C'est pour ça qu'on a décidé de ne pas se contenter de créer une marque, mais on est en train de créer toute une industrie autour de ce produit. Nous travaillons à la restructuration de toute la filière au Pérou, notamment à travers la construction d'une usine de production pour fabriquer notre propre sirop. »

Avec cette vision, l'équipe était prête à imposer son produit sur le marché. Mais pour séduire les consommateurs, il faut d'abord leur présenter le sirop de Yacon : 

« On avait une conviction, c'est que notre message passerait si on arrivait à expliquer le problème du sucre à nos cibles. Donc nous avons d'abord lancé un compte Instagram, avant même d'avoir des produits, afin d'éduquer et d'amener le sujet de manière pédagogique. 

Ensuite, on y est allé petit à petit. On a commencé par une campagne de financement Ulule, qui nous a permis ensuite d'obtenir d'autres financements. Avec ce petit capital nous avons construit notre premier laboratoire, acheté nos premières machines, et commandé notre matière première. 

En parallèle, on a avancé sur notre site e-commerce et notre charte graphique. C'était très artisanal ! 

Lorsqu'on a atteint les 20 000 € de chiffre d'affaires mensuel, on s'est dit que c'était le moment d'aller lever de fonds, car nous avions une preuve de traction : des followers, de la récurrence sur le site internet, des magasins qui commercialisaient nos produits… On a fait une première levée et c'était parti. »

Pour l'équipe de Yacon & co, la réalisation d'une telle vision est un défi de taille : « On a un projet qui est complexe et ambitieux car on veut construire quelque chose de résilient. On ne voulait pas créer un modèle fragile basé sur le marketing, sans maîtrise sur la production. Donc, dès le début, on a décidé de ne rien sous-traiter, de se plonger dans cette industrie et de tout internaliser. »

Cette vision a amené Yacon & co à voir encore plus loin : « Cette maîtrise de la production apporte beaucoup de valeur ajoutée à l'entreprise, et progressivement cela a changé notre projet, puisqu'en plus des produits, on a aussi décidé de challenger la filière en collaborant avec les agriculteurs pour les accompagner dans la culture du Yacon. On va transformer une industrie. Avec pour objectif à long terme d'alimenter les industriels en leur proposant du sirop de Yacon pour qu'ils puissent l'intégrer aux recettes. »

Engagé pour une nouvelle alimentation, Clément met aussi de sa propre histoire dans Yacon & co : « Ça fait très longtemps qu'on n'a pas découvert de produit avec une telle innovation de rupture. Pourtant, c'est quelque chose d'assez simple. Moi, j'ai été bercé depuis mon enfance avec la simplicité de ma région, les montagnes, et à Paris j'ai trouvé la start- up nation, la course à la tech et à l'innovation. 

L'idée, c'est de rapprocher les deux mondes pour faire émerger une filière avec des process hyper simples. »

Afin de réaliser leur vision, les entrepreneurs ont encore du chemin : « Le prochain challenge, c'est que l'usine péruvienne sorte de terre. Une fois qu'elle sera prête, il nous faudra l'optimiser pour avoir un sirop de Yacon qui coûte le moins cher possible pour la meilleure qualité possible. Cet  enjeu industriel est le plus important à court terme. 

Le deuxième enjeu, c'est celui de poursuivre la démocratisation du sirop de Yacon. Aujourd'hui, il est présenté dans les magazines comme une alternative au sucre. Notre objectif va être de l'installer durablement. Nous voulons faire du sirop de Yacon non pas une simple tendance, mais un fond de placard des 30 millions de foyers en France. »

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