Lionel Yondo (AFD) : l'investissement solidaire en Afrique de l'Ouest

J'ai grandi en Afrique. Et quand vous grandissez en Afrique, quel que soit le milieu dans lequel vous évoluez, vous êtes confronté au quotidien aux injustices économiques, aux injustices sociales. 

Très tôt, j'ai été sensibilisé aux questions de développement et ça a orienté mon parcours scolaire et universitaire.

En France, j'ai commencé comme avocat d'affaires au sein de cabinets internationaux où mon activité principale était d'accompagner les investisseurs français ou étrangers, notamment dans le dos de l'action, en Afrique et en particulier à une époque où il y avait énormément de privatisation, dont dans des secteurs productifs tels que les télécoms, l'énergie, l'eau et l'assainissement. 

En Afrique de l’Ouest, ce sont des secteurs qui attirent de nombreux investissements étrangers, notamment sur des contrats de concession, de délégation de services publics, des partenariats public-privés avec de gros opérateurs étrangers et qui nécessitent des financements importants et de l’expertise notamment sur le plan de la contractualisation des engagements, et de la négociation. 

Rejoindre l’AFD a été une opportunité pour moi de pouvoir à la fois travailler sur des infrastructures, et également sur des secteurs régaliens ainsi que sur l’accompagnement de politiques publiques nécessaires au développement des pays où nous intervenons et sur des secteurs sociaux qui touchent directement la vie des gens.

La mission de l'AFD est d’être un opérateur de l'État français chargé de mettre en œuvre la politique publique française en matière d’investissement solidaire et durable. Nous co-construisons les projets dans le cadre d’un dialogue avec les autorités et parties prenantes locales, dans un esprit de solidarité et de partenariat gagnant-gagnant. 

Le golfe de Guinée, sur lequel nous opérons, est une région déterminante pour l'action de la France en Afrique, puisque pour l’AFD, le golfe de Guinée, c'est aujourd'hui huit pays d'intervention, 4 francophones et 4 anglophones, qui ont la particularité d’être à la fois sur le littoral et de partager leurs frontières avec des pays sahéliens. Les défis à relever portent sur le dividende démographique, l’adaptation au changement climatique avec les risques environnementaux et sécuritaires qui en découlent, l’insertion économique et sociale de la jeunesse : Être « 100% jeunesse ». Plus généralement, nous soutenons des politiques publiques destinées à faire émerger des espaces urbains créateurs de valeurs, à faible empreinte climatique et environnementale mais également à favoriser le développement rural à travers une agriculture durable . 

La Côte d'Ivoire est l'une des plus grandes locomotives de l'Afrique francophone.La relation entre la France et la Côte d'Ivoire est une relation de longue date qui nous amène à obtenir des financements importants dans de nombreux secteurs, dont l'infrastructure, l'agriculture et les services essentiels. Sur la Côte d'Ivoire, c'est plus de 600 millions d'euros d'engagement chaque année. Le Nigeria, qui est l’économie la plus forte d'Afrique, est également un partenaire important pour le Groupe AFD.

La Direction Régionale Golfe de Guinée est l’une des plus importantes du réseau AFD dans le monde avec environ 1,2 milliard d’euros mobilisé chaque année sur les 12 milliards d’euros que l’AFD investit annuellement.

Le Groupe AFD contribue à satisfaire les demandes de ses partenaires à travers des projets qui mobilisent des financements de la France significatifs mais également une expertise technique reconnue. Ces projets structurants que nous soutenons servent également à valoriser les actions de la France et à renforcer ces relations avec des pays partenaires. Ce qui est recherché avant-tout, c’est l’impact pour les populations, plus de 330 millions d’habitants dans le Golfe de Guinée dont la majorité à moins de 25 ans, cela est plus que motivant, cela devient un engagement collectif. 

A titre personnel, je me réjouis de cette expérience et de la particularité de notre métier. Je ne pense pas qu'il y ait au monde ou en France un secteur d'activité, des entreprises qui mobilisent au sein d'une même structure, d'une même institution, une telle diversité, aussi bien technique, que géographique ou qu'opérationnelle. 

Dans la même structure, dans une même réunion, vous pouvez avoir un polytechnicien, un sociologue, un vétérinaire, un avocat, un pharmacien, un historien, un professionnel issu d'une école de commerce, un issu de Sciences Po, et j’en oublie très certainement. Dans une entreprise, vous avez rarement cette diversité, ce brassage culturel et technique. Cela signifie qu’il est important qu'on s'approprie l'environnement dans lequel nous sommes, avec une culture commune construite autour d’une intelligence collective. Chacun vient avec son parcours éducatif et professionnel et le met au service du Groupe qui porte les objectifs de développement durable. Cela m’a permis d’avoir plusieurs métiers dans des géographies différentes, on apprend l’humilité et le respect des autres, nous avons une profession qui nous permet de beaucoup recevoir. 

Je suis franco-camerounais.

Cette mixité constitue un réel atout pour ce métier et cela contribue à favoriser l’intelligence géographique portée par le Groupe AFD qui est nécessaire pour comprendre et répondre aux enjeux que nous devons relever en Afrique. C’est dans cet esprit que la diaspora est régulièrement envisagée comme étant aussi un vecteur de rapprochement dans la relation entre l'Afrique et la France. 

L’AFD c’est beaucoup de très gros chiffres, mais derrière, ce qui compte, ce sont les réalisations très concrètes au profit des populations. Nous mettons au centre de nos activités l'humain, car ce que l’on finance, l'amélioration de la vie des gens. C'est très concret, l'énergie, l'eau, les écoles, les hôpitaux ou de l’irrigation pour les agriculteurs.