Hugo CUONG DINH : son ambition, combattre les maladies neurologiques

« Aux US, les chercheurs qui sortent de Stanford ou Harvard sont des stars donc quand ils créent leur boîte, ils lèvent des fonds. En France, c’est pas très bien vu d’entreprendre lorsqu’on est chercheur. Quand tu le fais, on te dit que tu siphonnes l’argent public, alors que c’est plutôt l’argent public qui est perdu si eux ne se lancent pas dans des projets ambitieux. 

D’origine vietnamienne, Hugo CUONG DINH est arrivé en France à l’âge de 15 ans.

« Dans les pays asiatiques, le niveau est supérieur que dans l’éducation nationale donc quand je suis arrivé en France à 15 ans, j’avais un niveau supérieur à mes camarades. Cependant, le post Bac a été un véritable choc, je me suis lâché et j’ai raté ma première année de prépa en spé math. Je suis donc parti en licence de Chimie puis j’ai repassé le concours de l’X, que j’ai réussi en 2014. Cet échec m’a beaucoup appris sur le travail et sur l’effort mais également sur le fait d’être équilibré dans mes choix. 


En France, on laisse suffisamment aux gens la chance de retrouver leur chemin et cette leçon me sert aujourd’hui dans l’entrepreneuriat. »

Hugo CUONG DINH, cofondateur et PDG de NaoX Technologies, a la volonté d'enrichir les connaissances scientifiques sur les maladies neurologiques pour mieux les combattre. 

Diplômé en ingénierie, bio-ingénierie et ingénierie biomédicale de la promotion X14 de l’Ecole Polytechnique, Hugo CUONG DINH a décidé d’intégrer, à la fin de son cursus, le programme d’entrepreneuriat de cette école, qui lui a permis « d’aller là où l’innovation ce fait depuis 30 ans, c’est-à-dire, dans la Silicon Valley ».

« En France, on est unique dans le monde sur la manière d’étudier l’ingénierie. On étudie une ingénierie généraliste donc on est vraiment très très bon car on rentre dans des sujets de manière très rapide, on comprend facilement. Dans ma spécialité, la neuroscience, je n’ai pas tout compris en 2 ans mais j’ai un bagage scientifique suffisamment fort pour comprendre les grands chercheurs de ce domaine. C’est, selon moi, la qualité des ingénieurs français.

En dernière année de l’X j’ai intégré le programme qui, par la suite, est devenu le fameux programme X-HEC entrepreneurs. Cela m’a permis de croiser sur le campus de Berkeley des gens qui sont devenus de grands entrepreneurs et d’avoir appris de leurs expériences et de leurs échecs. 

On m'a enseigné que l'entrepreneur idéal, pour réussir, était une personne âgée de 45 ans, ayant fondé sa troisième entreprise après avoir échoué dans les deux premières. Aux États-Unis, on apprend une mentalité très différente de celle de la France et plus généralement de l'Europe : l'échec n'est pas considéré comme quelque chose d'aussi difficile à vivre. Les Américains ont une approche différente de l'échec, « ils aiment lancer des projets et ne pas réussir, car à chaque échec, ils en tirent des enseignements utiles pour l’avenir ».

Hugo CUONG DINH, passionné de neurosciences, s'est longtemps interrogé sur la difficulté de diagnostiquer la maladie d'Alzheimer en amont et de trouver un traitement efficace. C'est ainsi qu'il a sollicité Michel Le Van Quyen, son professeur en neurosciences à Polytechnique, qui est devenu par la suite co-fondateur de NaoX Technologies.

« Michel, m’a répondu que c’était la question du siècle et que personne ne savait encore résoudre ce problème mais qu’on pouvait, petit à petit, tenter d’y répondre. C’est à partir de ce moment qu’il est rentré en jeu. Michel est un chercheur reconnu dans le domaine de l'épilepsie et est l'un des pionniers dans le monde à avoir publié un algorithme permettant de prédire les crises d'épilepsie en utilisant des statistiques à partir d'un électroencéphalogramme. C'est pourquoi, plutôt que de s'attaquer directement à la question de la maladie d'Alzheimer, nous avons décidé de résoudre le problème de l'épilepsie en nous appuyant sur son expertise.

Le problème qui se pose est que depuis la publication de cet algorithme, il n'y a pas eu de progrès significatif. En effet, le système est complexe : il faut des infirmiers expérimentés pour réaliser un électroencéphalogramme, les patients doivent se trouver à l'hôpital, et les données sont souvent recueillies seulement à certains moments précis. C'est la raison pour laquelle nous avons décidé de commencer par résoudre le problème d'accessibilité en recueillant des données dans le quotidien des patients, afin de mieux comprendre l'épilepsie et, à plus long terme, les maladies neurologiques.

Aujourd’hui, grâce à NaoX Technologies on va pouvoir faire un grand bon. On va s’approcher de notre but : combattre les maladies neurologiques ». 


Selon le co-fondateur de NaoX Technologies, la création d'un label dédié aux start-ups travaillant sur de tels sujets devrait être envisagée.

« Créer une start-up lorsque l'on est jeune peut être difficile en raison du manque d'expérience, d'où le taux de survie de seulement 10% après 3 ans. Cependant, l'avantage d'être jeune est que l'on peut lancer des projets d'innovation de rupture. À cet âge, nous ne sommes pas encore conditionnés par la vie ou par notre expérience dans une industrie particulière, ce qui nous permet d'imaginer des projets audacieux et de changer radicalement une industrie. Ce type de projets est plus difficile à réaliser à 45 ans, avec des enfants et des responsabilités familiales.

Dans mon domaine, ce qui importe c’est la confiance avec la présence d’un chercheur (ici Michel Le Van Quyen) car quand tu as réussi à convaincre une personne comme lui, il réussit à en convaincre beaucoup d’autres. Notre crédibilité est bien plus importante. Il faut s’entourer de gens toujours plus crédibles. C’est en faisant cette démarche qu’ensuite, on peut aller chercher des fonds, des investisseurs.

Pour conclure notre échange, Hugo CUONG DINH, souhaite délivrer un conseil à tous les futurs entrepreneurs : 

« Il ne suffit pas d’avoir des idées, il faut exceller dans leur exécution et ne pas avoir peur d’échouer. » 

Portrait réalisé par Dare Society