Joséphine de Leusse, Imaginer le travail de demain

Joséphine de Leusse, Imaginer le travail de demain

Simplifier l'organisation du télétravail et du flex-office, tel est le défi que Joséphine de Leusse, co-fondatrice et CEO de m-work se lance. Ayant grandi à Paris, l'entrepreneuse a été bercée par deux cultures, française et irlandaise. Ancienne étudiante de Sciences Po, Télécom Paris et de la Sorbonne, Joséphine a suivi un enseignement pluridisciplinaire : des mathématiques aux sciences sociales, en passant par la finance et la stratégie.

Son parcours professionnel a, lui aussi, suivi cette voie : « Pendant mes études, j'ai toujours travaillé. En licence, je faisais des « petits jobs » et ensuite, j'ai fait des stages. Je pense avoir un record : j'en ai fait huit stages dans des domaines très variés. J'ai fait plein de choses différentes car je ne savais pas du tout ce que je voulais. »

Lorsque Joséphine de Leusse rejoint en 2019 RAISE Impact, un fonds à impact, en tant que première analyste, l'expérience fût un véritable déclic : 

« J'ai passé deux ans chez RAISE Impact, notamment pendant le confinement. Ça a été l'occasion pour Edouard, mon collègue et futur associé et moi, de déceler les premiers décalages entre les attentes des managers et la réalité du monde du travail post-covid. »

Pour l'équipe de m-work, le constat des écarts entre les aspirations post-covid des effectifs et la réalité du monde du travail était multidimensionnelle : 

« Nous avons principalement réfléchi à l'état du travail actuel. Le Covid a bouleversé notre façon de travailler et a mis en lumière une grande discordance entre nos aspirations et ce que les entreprises proposaient. Je me souviens de moments au bureau où tout était allumé, alors qu'il n'y avait personne. Les gens voulaient plus de flexibilité, que ce soit en travaillant à distance, en ayant plusieurs emplois ou même en vivant à l'étranger. Cette réflexion nous a passionnés. »

Après avoir côtoyé de nombreux entrepreneurs au sein d'un fonds, Joséphine de Leusse a souhaité se lancer à son tour :

« Nous pensions qu'il y avait des choses à améliorer. Cette idée a pris de l'ampleur, et nous avons lancé m-work avec Édouard Bouyala et Barthélemy de Mazenod. »

Avec m-work, les co-fondateurs aspirent à remodeler le paysage professionnel, en plaçant l'humain au centre de sa stratégie : « À l'ère du numérique et du télétravail, les entreprises sont confrontées à des défis sans précédent en matière d'organisation et de gestion des espaces. Notre ambition chez m-work est d'offrir une solution à ces problèmes, de redéfinir l'environnement de travail de demain et de maintenir un fort sentiment de communauté. »

Si aujourd'hui m-work est une solution qui a séduit de nombreux acteurs, le lancement du projet s'est fait progressivement. 

Les entrepreneurs ont premièrement échangé avec des professionnels des ressources humaines et des directions immobilières afin de comprendre leurs besoins. Des conversations qui se sont révélées pertinentes : « Nous nous sommes heurtés à plusieurs obstacles. Mais après avoir dialogué avec environ 300 personnes,  nous avons identifié une véritable demande. »

De cette étape, l'équipe en tire une leçon claire : « Si un client n'est pas prêt à payer pour votre produit, c'est qu'il n'est probablement pas assez bon. Mais ça, personne ne vous le dira. »

À la suite de ces échanges, une décision est prise : plutôt que de proposer une offre à destination d'un large panel d'organisations, l'équipe décide de cibler les grandes entreprises dès le départ : « Je pense qu'au début, le piège classique est d'essayer de convaincre tout le monde. Sauf que c'est la garantie de ne pas travailler son ciblage et de perdre beaucoup de temps. Nous, le problème qu'on adresse c'est celui de l'organisation, de l'inefficacité des bâtiments et du manque de cohésion, un problème qui n'existait pas encore quand était quatre, cinq. Quand on est 2 000, c'est ingérable. Donc même si c'est plus dur de les convaincre, c'est eux qui ont un besoin à résoudre. »

Si le télétravail a été le point de départ, les besoins des entreprises ont évolué : « La flexibilité va désormais bien au-delà du simple télétravail. Qu'il s'agisse d'une semaine de quatre jours ou d'horaires flexibles, la clé est la planification et l'adaptabilité. »

C'est pourquoi m-work s'est progressivement adaptée à de nouveaux besoins : « Nous avons lancé une offre freemium pour apporter des solutions aux TPE et petites équipes face à ces enjeux. »

Partant des secteurs de la banque, de l'assurance et de la tech, m-work a rapidement étendu son offre à un éventail beaucoup plus large de secteurs.

Si il y a un apprentissage que Joséphine de Leusse tire de cette expérience entrepreneuriale, c'est l'importance des valeurs : 

« Quand nous nous sommes lancés, nous avons beaucoup réfléchi aux valeurs de m-work. Je pouvais avoir tendance à penser que c'était secondaire, mais avec du recul, c'est très important. 

Notre valeur centrale, c'est la confiance. Avec la flexibilité qu'offre notre solution, il faut que dirigeants et équipes se fassent confiance, le contrôle n'étant pas possible. Nous proposons un outil d'information qui apporte de la valeur aux collaborateurs et pas un outil pour le manager qui veut surveiller son équipe.

Ensuite, la confiance est centrale entre nos clients et nous. Par exemple, il faut être honnête sur le fait qu'on est une start up. Ce statut a beaucoup d'avantages, la flexibilité, le fait que les retours clients soient inscrits dans notre roadmap, que parfois leurs demandes sont réalisées dans la journée. Mais en même temps, il y a des choses qu'on ne peut pas faire parce qu'on est encore une petite structure. 

Finalement, la confiance est primordiale dans notre équipe. Le but, c'est que tout le monde se sente autonome. Quand nous recrutons, nous formons, mais surtout on invite les recrues à essayer. 

Nous avons eu la chance que des gens brillants nous fassent confiance, à nous, de jeunes fondateurs. Donc on essaye de redonner un peu de ça. » 

Portrait réalisé par Dare Society