Maud Caillaux (GREEN-GOT) : Agir sur la transition énergétique à travers le secteur bancaire.

Maud Caillaux (GREEN-GOT) : son ambition, agir sur la transition énergétique et la finance verte à travers le secteur bancaire.

« 4 582 milliards de dollars. C’est le montant investi par les banques dans l’énergie fossile depuis les Accords de Paris. C’est tellement immense qu’on ne peut même pas l’imaginer. Le climat s’emballe et si on ne fait rien on sera à +4° d’ici 2100.

J’ai pris conscience de l’ampleur du problème en écoutant un podcast d’Aurélien BARRAU : il faisait deviner de combien de degré la Terre s’est réchauffée depuis la dernière ère glaciale, il y a 20 000 ans. Pour information, à cette époque, le climat en France était équivalent à celui de la Sibérie du Nord actuelle. 

La réponse : seulement 5° de différence en 20 000 ans ont fait remonter le niveau de la mer de 120 mètres et ont fait de la France un territoire avec un climat bien différent de celui qu’on observe en Sibérie. 

Quand tu entends ça, tu commences à te demander ce qui va se passer avec +4 degrés dans 200 ans ». 

Ancienne étudiante d'une école de commerce, Maud CAILLAUX a commencé sa carrière dans le monde de la mode de luxe avant de se diriger vers le secteur bancaire à New York. C'est en revenant à Paris suite à ces expériences, qu'elle s’interroge sur la manière de contribuer au changement climatique. 

En 2020, c’est au côté de Andréa GANOVELLI et Fabien HUET, qu’elle fonde GREEN-GOT.

« J’ai rencontré Andréa en 2018 à New-York. Je commençais à me poser des questions sur le climat, il m’a fait prendre conscience de la complexité et de l’importance de ces enjeux. L’écologie lui tenait vraiment à cœur, ce n’était pas pour faire joli et ça m’a beaucoup fait m’interroger. On a alors eu beaucoup de discussions, je me suis demandé quel était le secteur le plus impactant et c’est comme ça qu’on a créé GREEN-GOT ».

En février 2023, GREEN-GOT a levé 1 919 988 euros en 80 minutes. La société est spécialisée dans la lutte contre le dérèglement climatique via des financements verts.

Dans cet échange Maud CAILLAUX, Co-fondatrice de GREEN-GOT, est revenue sur son ambition d’avoir un impact sur le changement climatique à travers le secteur de la banque :

Le problème ce n’est pas intrinsèquement l’argent mais son utilisation. 

« GREEN-GOT est l’outil le plus puissant à l’échelle individuelle pour avoir un impact sur le changement climatique : ton argent ne finance plus les énergies fossiles mais, au contraire, la transition. Le financement se fait soit par l’ouverture d’un compte courant qui permet de financer 3 projets à travers des dons, soit par l’investissement avec 100% des fonds dirigés vers la transition. Dans tous les cas, en toute transparence on peut voir ce qu’on définit comme vert.

Au tout début, il a fallu qu’on démêle ce que nous on appelle « finance verte » et la définition donnée dans l’industrie financière et bancaire. Lorsque  tu regardes un petit peu, tu te rends compte que ce n’est pas du tout l’idée qu’on se fait. ».

L'objectif est aussi de sensibiliser les décideurs des grandes banques en transmettant un message clair : pour continuer à attirer des clients de notre génération et de celles à venir, il est essentiel de changer.

« Les banques sont des énormes leviers. Elles pourraient commencer par arrêter de financer les énergies fossiles mais, au delà de ça, mener une action sur les grosses entreprises en faisant de l’actionnariat militant. Elles pourraient alors continuer de les financer seulement si ces entreprises s’engageaient dans une nouvelle trajectoire. Il y a énormément de choses à faire. C’est compliqué d’intégrer ça dans leur business, ces entreprises sont tellement immenses que leur chaîne de décision est très fragmentée. Ce sont de gros paquebots qui sont face à un iceberg et qui se mettent les mains devant les yeux.

Pour conclure notre échange, nous avons interrogé Maud CAILLAUX sur un combat quelle souhaite mener : 

« Au début de Green-Got on m’a souvent dit « pourquoi toi ? », « pour qui tu te prends ? ». J’aimerais beaucoup convaincre les Français et les Françaises que les autres ne sont pas forcément meilleurs que nous et, même s’ils le sont, on n'est jamais de trop dans cette mission,  tout le monde est capable d’y contribuer. On a besoin de tout le monde. Il ne faut pas attendre d’être sauvé, il faut se sauver soi-même et pour cela il faut agir.

Il faut trouver le meilleur levier d’action pour agir. Moi, ça a été à travers l'entrepreneuriat dans le secteur financier. Aucun geste n'est à économiser, chaque 10ème de degré compte ! ».

Portrait réalisé par Dare Society