Meyer Azogui (Cyrus Conseil) : donner du sens au patrimoine de ses clients

Meyer Azogui (Cyrus Conseil), son ambition : permettre à ses clients de laisser une trace

 

Dernier d’une fratrie de 6 enfants, Meyer Azogui a grandi au Maroc : « Je suis né au Maroc et j’y ai vécu jusqu’après mon bac. »

 

Meyer Azogui réalise rapidement qu'il n'a que peu d'intérêt pour l'école. Il choisit cependant de persévérer malgré tout. Au collège, il redouble deux classes, mais est déterminé à payer ce prix pour obtenir le précieux sésame qui lui permettra de poursuivre ses études : le baccalauréat.

 

Pour la suite de son parcours, peu de choix s’offraient à lui : « Je suis parti après mon bac et comme on avait un manque d'information totale, on faisait soit médecine, soit droit, soit économie. J’ai fait de l'économie parce que j'adorais ça. »

Meyer Azogui fait ses études à la Sorbonne, où il obtient une maîtrise et un troisième cycle en économie industrielle. Pour son futur, il est encore hésitant : « En réalité, même après mes études je ne savais pas ce que je voulais faire. »

 

« J'ai fait un stage de quelques mois sur le MATIF (le marché interne des instruments financiers). Puis j'ai répondu à une annonce, qui était celle de Cyrus. J’ai alors rejoint une société qui n'existait pas puisqu'elle a été créée en avril 1989 et que j’ai été recruté en novembre 1988. J'ai démarré là par le plus grand des hasards, dans un métier que je ne connaissais pas, dans un environnement qui n'était pas le mien.»

 

Cette expérience marque le début d'une grande aventure : « J'ai aimé la découverte. J'avais des copains qui me disaient ”Qu'est ce que tu fous là ?”. Je répondais ”j'apprends, je découvre, c'est super”.  J’apprenais en effet sur la partie technique, et sur le relationnel. »

À l’époque, le métier de gestionnaire de patrimoine, Meyer Azogui ne le connaît pas. Quand il commence, il n’a ni contacts, ni notions.

« Je me suis fait violence puisqu'il fallait démarrer une activité en ne connaissant personne. À l'époque, on prenait son téléphone, le Minitel,  et on essayait de créer des listes de personnes qui étaient supposées avoir un besoin financier. »

 

« Je faisais de la prospection. Au début, quand la personne décrochait en face, c'est moi qui raccrochais. Je ne savais pas quoi lui dire. J'avais honte. »

 

Il ne connaît pas le métier, apprend encore, mais Meyer Azogui construit sa vision du travail en entreprise et devient rapidement manager : « Ce qu'on ne fait pas pour soi, on le fait pour les autres. Je comprends que c'est un jeu de rôle, un habit. J'avais l'habit du commercial que je revêtais quand j'étais au bureau en mettant ma timidité de côté. Le devoir faisait que je montrais aux autres comment il fallait faire, quelque chose que je ne savais pas faire.»

 

Rapidement, Meyer Azogui progresse et évolue au sein de Cyrus Conseil : « Ces évolutions m'ont donné envie de construire chez Cyrus. Les métiers de confiance sont des métiers où le temps est notre allié principal. »

 

En 2002 il devient directeur général de l’entreprise, et en prend la présidence en 2004.

 

Désormais président de Cyrus Conseil, le leader indépendant en France du Conseil en gestion privée, de fortune et family office, Meyer Azogui décrit aujourd'hui sa profession de manière différente.

 

« Quand je plaisante, je dis que je fais du social pour les riches. »

 

« Notre objectif est de faciliter la vie de nos clients et de donner un sens à leur réussite. Nous prenons en charge tous les aspects patrimoniaux, juridiques et financiers. Nous demandons à nos clients ce qui est important pour eux et ce qu'ils souhaitent laisser comme trace. »

 

Ce qui lui tient à cœur c’est l’empathie, la relation à l’autre : « Il y a une gymnastique intellectuelle entre le droit de la famille, la fiscalité et l'humain qui est formidable. On a l'habitude de dire que notre métier, c'est de mettre en conformité son patrimoine avec ses choix de vie. »

 

Depuis 2008, Cyrus Conseil a multiplié par douze son chiffre d’affaires. Cette croissance considérable s’est notamment bâtie sur des coups durs qui ont forgé la vision et la liberté de Meyer Azogui et ses équipes.

 

« Il y a des éléments fondateurs qui souvent commencent par être des mauvaises nouvelles ou des coups sur la tête, puis qui finalement vous font grandir et qui sont des opportunités exceptionnelles. »

 

« La société je ne l’ai développée que lorsque j’ai vraiment eu la liberté de le faire »

 

Et cette liberté, Meyer Azogui l’obtient au tournant d’un moment difficile : « en 2008, AXA a cherché à nous racheter contre notre gré en s'entendant avec les autres actionnaires. Nous avons donc été confrontés à AXA alors que notre chiffre d'affaires était de 10 millions d’euros et que nous n'avions pas la connaissance que nous avons aujourd'hui de la vie des affaires corporate. Nous avions alors deux mois pour résoudre cette situation. Quand je reçois cette offre, le monde s'effondre. On n'arrive même pas à trouver un avocat qui va nous défendre.

C'est à ce moment-là que j'ai vraiment créé une équipe. Nous nous sommes révélés dans l'adversité. J'ai compris la fameuse phrase ”on ne savait pas que c'était impossible, donc on l'a fait”. On a fait sortir les actionnaires industriels et on a repris la main sur le capital. En deux mois de vie j’ai pris dix ans d’expérience. »

 

En tant que dirigeant, il estime que l'une de ses missions centrales est de parvenir à fédérer ses équipes.

 

« Je pense que le rôle d'un dirigeant, c'est d'être le gardien de l'affectio societatis. C'est très important de faire en sorte que tout le monde ait envie d'aller dans la même direction. L'intérêt général prime sur l'intérêt particulier. »

 

Cette croyance est  le résultat de l’ambition sans faille qui l’anime : « J'ai une ambition très forte, seul, je ne peux pas l'atteindre. Ce qui m'intéresse, ce n'est pas ma part du gâteau, c'est la taille du gâteau. »

 

Une vision qui se traduit à travers une gouvernance et un partage de la valeur clair.

 

« L’un des ingrédients du succès, c’est le partage de la valeur. Aujourd’hui, un peu plus de la moitié des salariés sont actionnaires. Aussi, j’ai mis en place une Golden Share : une action de priorité qui vous donne la majorité quelque soit le pourcentage du capital que vous détenez. De cette façon, les collaborateurs ne se méfient pas de mon manque de loyauté et lors d’opérations de croissance externe je garde un certain contrôle. Quand notre pouvoir est assuré, on ne l'exerce pas de la même façon. On est beaucoup moins autoritaire. »

 

Cette organisation se fait dans l’alignement des valeurs qui ont été choisies pour l’entreprise : l’excellence, la confiance et l’épanouissement.

 

Aujourd’hui, lorsqu’il se retourne surle chemin parcouru, Meyer Azogui identifie la puissance de la motivation : « mon parcours, en fin de compte assez atypique, me fait prendre conscience qu'entre la réussite et l’échec, il y a l'épaisseur d'une feuille de papier, et que la volonté, c'est 90% de la réussite. »

 

Pour clore cette échange, nous avons demandé à Meyer Azogui quelles étaient selon lui, les qualités essentielles d’un entrepreneur qui réussit.

 

« Les entrepreneurs, quel que soit leur domaine d'activité, doivent posséder trois qualités majeures. Tout d'abord, la curiosité, qui implique une volonté de comprendre le monde qui nous entoure.Ensuite, l'audace, qui consiste à ne pas craindre les questions et à oser expérimenter, car c'est en essayant que l'on peut apprendre. Enfin, la générosité est primordiale, car elle ne se résume pas seulement à la philanthropie, mais également à donner à nos clients plus que ce qu'ils méritent. Ces trois qualités combinées peuvent contribuer de manière significative à la réussite d'un entrepreneur. »

 

Portrait réalisé par Dare Society